Photo Grégoire Kalt monsieur goutera le vin

Témoignage: « Monsieur goûtera le vin j'imagine ? »

Résumé

Si la société avance à grands pas vers la parité, il reste encore des domaines traditionnellement réservés aux hommes. Ainsi, parler de vin en connaisseur, choisir la bouteille au restaurant et la goûter reste bien souvent l’apanage de ces messieurs. Valérie Gastou, formatrice en œnologie, nous raconte avec humour ses anecdotes en la matière. 

Valérie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Valérie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

C’est par passion pour le vin que j’ai quitté mon milieu professionnel d’origine : acheteuse de biens de consommation courante. J’ai suivi la formation du Wine and Spirit Education Trust, niveau 3 à Paris puis obtenu le titre de courtière en vins. J’anime depuis des cours d’œnologie et des soirées autour du vin, à domicile ou auprès de clubs et d’associations.Valérie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

C’est par passion pour le vin que j’ai quitté mon milieu professionnel d’origine : acheteuse de biens de consommation courante. J’ai suivi la formation du Wine and Spirit Education Trust, niveau 3 à Paris puis obtenu le titre de courtière en vins. J’anime depuis des cours d’œnologie et des soirées autour du vin, à domicile ou auprès de clubs et d’associations.

 

Quelle est selon vous la place des femmes avec les autres acteurs du vin ?

Les rapports avec les vignerons sont en général très bons. Homme ou femme : peu importe le genre, ce qui compte c’est la passion, l’amour du vin. Ils sont d’une très grande ouverture et d’une générosité extraordinaire.  Au niveau de la formation, dans les cours que j’ai suivis, la parité était presque parfaite, avec un léger avantage pour les hommes. Là où subsiste une différence, c’est au niveau des débouchés professionnels. On compte encore peu de femmes aux postes stratégiques comme maîtres de chai, cavistes, consultantes en œnologie, ou même de femmes cavistes…

 

Les restaurants ont-ils selon vous bien intégré cette appétence féminine pour le vin ?

Pas tous, loin s’en faut ! Il m’arrive encore très fréquemment d’entendre le serveur demander « Monsieur désire t-il la carte des vins ? ». Une fois le vin choisi, par l’homme donc, on lui fait directement goûter sans prendre la peine de demander à la femme si elle veut également  donner son avis…  Je remarque que cela est surtout l’apanage des restaurants traditionnels avec des sommeliers « vieille école » ou d’établissements où il n’y a pas de sommelier et où c’est un serveur qui officie sans bien maîtriser « l’art et la manière du vin ». Heureusement, de plus en plus fréquemment, la question posée est  simplement : « Qui goûte le vin ? » 

 

De plus en plus de femmes expertes en vin… à leur façon ? 

Je le vois bien lors de mes formations en œnologie : de plus en plus de femmes apprécient le vin et souhaitent savoir en parler, l’apprécier à sa juste valeur. C’est légitime qu’elles se sentent mises de côté par le comportement de certains messieurs qui pensent encore qu’une femme s’y connait forcément moins en vin! Et en même temps, cet handicap culturel constitue un atout : contrairement à l’homme qui est censé connaître le vin, la femme, elle, peut avouer son ignorance et son envie de progresser en la matière sans complexe. Elle est ainsi souvent plus ouverte d’esprit, plus humble, plus curieuse et cela favorise son apprentissage. Quant à des qualités spécifiques pour apprécier un vin, je ne sais pas s’il y a vraiment de différences entre les sexes. C’est avant tout une question de personnalité. Ceci dit, je note quand même beaucoup de sensibilité, de finesse et de sens de la nuance chez les femmes.  en œnologie, ou même de femmes cavistes…

 

En marche vers le changement ? 

Avec un nombre croissant de femmes dans le domaine du vin et notamment de sommelières - je vous  rappelle qu’en 2012 le prestigieux prix de meilleur sommelier des Amériques a été remporté par la québécoise Véronique Rivest - j’ai bon espoir que les femmes prennent de la bouteille et que les étiquettes disparaissent ; que l’on arrive à un stade où seules compteront l’expertise, la passion ou tout simplement la curiosité.